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Tauromachies, le coup fatal ?

  • Amélie
  • 12 août 2018
  • 5 min de lecture

Entre violence et traditions ancestrales

J’ai eu la chance de visiter Séville, capitale de l’Andalousie chargée d’histoire et de siècles de traditions. Entre l’immense cathédrale, les jardins de l’Alcazar ou la tour d’or, l’arène représente un lieu incontournable à visiter. Les corridas rythment depuis des décennies la ville. D’un regard extérieur et au delà des traditions, elles peuvent apparaitre comme un spectacle barbare et cruel de mise à mort d’un animal.

On pourrait penser que le maintien des corridas est légitime vu qu’il s’agit d’un héritage culturel et d’un art traditionnel ancestral. Cependant n’est-il pas tout aussi légitime de remettre en question les traditions passées pour construire un futur en pleine conscience ?

Faut-il interdire les corridas au nom de la défense animale quite à à rayer des années de traditions ?

Qu’est-ce que c’est ?

Le mot taumomachie provient du grec « tauros » (le taureau) et makheia (le combat) et désigne l’art d’affronter le taureau. La corrida est donc une partie de la tauromachie qui regroupe par ailleurs des jeux sportifs comme le sauté de taureau appelé taurokathapsia. Nous nous intéressons ici à la corrida pouvant aboutir à la mort du taureau mais aussi du toréador.

La corrida désigne donc un combat entre un homme (le matador, appelé aussi torero) et un taureau, au cours duquel l'homme doit tuer l'animal à l'aide de banderilles (une sorte de longue lance).

Entre art et traditions ancestrales

Au cours de la visite des arènes, le regard du visiteur est directement orienté pour percevoir les corridas comme un art à part entière. Les tauromachies occupent une place particulière dans la ville. L’argent issu du spectacle peut d’ailleurs être reversé dans les bourses des étudiants d’université de Séville. Tout peut arriver sur la piste, aussi bien pour le taureau que pour le toréador qui (…comme dans le cas des gladiateurs) a suivi un enseignement spécifique dans une école. C’est donc l’adrénaline du combat que recherche le spectateur et le toréador. Ne dit-on pas d’ailleurs que c’est lorsqu’on frôle la mort, que l’on se sent le plus vivant ? C’est justement la vision d’Hemingway, fervent supporter des corridas. Il affirme par ailleurs qu’un « torrero ne peut jamais voir l’oeuvre d’art qu’il crée ». Cette imprévisibilité qui anime la corrida est unique. La foule acclamant son héros, les tribunes remplies, le costume du toréador, le risque. Tous ces éléments renforcent le spectacle. La bravoure du l’homme est admirée par le spectateur tout comme la fougue et la vivacité appréciées de l’animal. Traditionnellement on vente d’ailleurs un combat à parts égales (et à respect égal) entre l’homme et le taureau. Mais on ne peut rejeter le fait qu’au delà du risque, la foule attend le dénouement du combat qui s’achève par le sang de l’homme ou celui de l’animal. La mort en spectacle, la mort applaudie est un aspect que l’on ne peut retirer à cette tradition ancestrale. Mais alors une pratique immorale peut-elle être considérée comme un art ? Au delà du mythe, n’es

t-ce pas la barbarie humaine et la cruauté primaire qui l’emportent au fil des combats ?

Donc oui, les tauromachies représentent bien un savoir faire, une culture, un héritage ancestral mais si notre héritage serait d’être cannibale ou de tuer sans raison, le ferions nous ? Notre liberté humaine ne s’exprime t’elle pas dans notre capacité à changer l’ordre existant par une prise de conscience ?

Vision extérieure et respect de l’animal

Quelle différence faire entre un combat entre deux gladiateurs et une corrida ? Vous me direz que dans un cas l’homme se bat contre un autre homme et l’autre contre un simple animal.

Alors que l’opinion commune s’accorde à penser que les combats de gladiateurs étaient barbares et immoraux, pourquoi continue t’elle de ne pas remettre en question les corridas sous prétexte que c’est une tradition et qu’il y en a toujours actuellement ?

Serait-ce moins « grave » qu’un animal souffre ? Sous quel prétexte ? L’absence potentielle de conscience ? Faut-il continuer d’applaudir quand l’animal souffre et agonise au milieu de l’arène et pleurer quand l’homme se blesse ?

Le débat de la conscience animale est complexe, et dans notre réflexion utilisons des arguments « simples » et clairs.

La question n’est pas de savoir si oui ou non l’animal a une conscience et de répondre que si oui alors on interdit les tauromachies et que si non elles doivent perdurer. Alors que la conscience animale peut-être discutée, la sensibilité de l’animal semble indiscutable. D’ailleurs d’un point de vue législatif, l’animal n’est (…enfin !!!) plus considéré comme un bien meuble. D’ailleurs, le fervent supporter de corrida ne peut rejeter la fait que l’animal est en train de souffrir, c’est d’ailleurs peut être pour cela qu’il continue à se rendre à l’arène.

Vous pourriez me répondre que l’animal n’est pas le seul à souffrir. Je répondrai à cela que à la différence du toréador qui choisit en pleine conscience de combattre, l’animal, lui, n’a pas eu cette capacité de choisir et de manifester son avis. Dans les combats de gladiateurs, l’esclave bien qu’il soit un homme (mais n’était pas considéré comme tel), n’avait pas le choix de combattre.

Pour pousser l’animal à combattre, on joue alors de ses facultés hétéronomes d’animal. On l’excite avec un drap rouge et on le stimule avec les cris du public.

D’ailleurs dans certaines corridas, on est bien loin de la tradition ventant le respect de l’animal et le combat égal entre l’homme et le taureau. Les yeux des taureaux sont parfois enduits de vaseline et leurs cornes rabotées pour provoquer une perte d’équilibre. En plus, de ne pas avoir eu le choix de combattre, de subir des réactions d’énervement provoquées par l’homme qui le dépasse, l’animal n’a plus aucune chance de s’en sortir au cours de ce combat déloyal.

Où est le respect de l’animal ? La sensibilité ne devrait-elle pas être une condition suffisante au respect d’autrui ?

Regard critique et conclusion

Même si parfois il semble compliqué d’affirmer sa désapprobation à une pratique ancestrale du haut de ses 18 ans, mais ce regard naÏf prouve bien que la légitimité de ces spectacles n’est pas évidente. La violence animale en spectacle semble donc bien prendre le dessus sur le côté traditionnel de la chose.

N’hésitions pas à exercer notre point de vue critique, à prendre du recul sur ces traditions et le passé afin de construire le futur. Il est important de ne pas utiliser la tradition comme argument d’autorité. On peut très bien interdire les tauromachies sans pour le moins l’effacer des livres d’histoire.

Ne devrions-nous pas plutôt réfléchir à un autre moyen pour ressentir des émotions que de tuer ?

Le cinéma ou le jeu vidéo ne permettent -ils pas aussi de ressentir une forme de d’adrénaline ?

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